Déconjugalisation de l'AAH : 60 villes ont dit "Oui !"

Plus de 3000 personnes ont manifesté jeudi 16 septembre dans les grandes villes de France à l'appel d'APF France handicap et de 21 organisations pour demander la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH). Rassemblements, manifestations, faux mariages, rencontres avec des élus locaux, sensibilisation du grand public, signature de la pétition… près de 60 actions ont été organisées contre cette injustice dénoncée depuis 20 ans par l'association.

« Veux-tu m’épouser ? » demande Michel à Liliane. La réponse tombe, amère : « Non ! Je ne peux pas… j'ai l'AAH ! ». Robe blanche, couronne de fleurs dans les cheveux, Liliane tient la main de Michel, en costume trois pièces et assis dans un fauteuil roulant. Tous deux posent devant la Préfecture de Montpellier. Ce jeu de rôle mis en scène par les acteurs d'APF France handicap du territoire Gard-Hérault en dit long : impossible de s’engager dans un projet de couple au risque de voir ses ressources diminuer.

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Face au refus du gouvernement et de sa majorité parlementaire d’adopter la déconjugalisation de l’AAH le 17 juin dernier, APF France handicap et une vingtaine d'association ont poursuivi le combat par une journée de mobilisation nationale. Montpellier, Paris, Lille, Limoges, Brest, Nantes, Chambéry, Angers… Les partisans de la déconjugalisation de l'AAH ont tous fait entendre leur voix le 16 septembre dans plus de 60 actions en France en faveur de l’indépendance financière des bénéficiaires de l'AAH.

Être en couple ne doit plus être un handicap

« On m’a retiré 400 euros sur mon AAH car je me suis déclarée en couple avec mon compagnon qui touche le SMIC ! »… « Moi, je ne touche plus rien depuis que j’ai emménagé avec ma compagne ! » partagent des manifestants montpelliérains devant la Préfecture.

index3.pngAujourd'hui encore, se mettre en ménage pour une personne en situation de dépendance occasionne la baisse ou la perte de l’AAH, une allocation créée en 1975 pour permettre un minimum de ressources aux personnes qui ne peuvent travailler. Or l’AAH est calculée en fonction du revenu du conjoint : c’est la conjugalisation. Conséquences : l’AAH baisse dès que le deuxième salaire atteint 1 100 euros ou est supprimée au-delà de 2 200 euros.

Ce mode de calcul place les bénéficiaires dans une situation de dépendance financière et les contraint bien souvent à se cacher. À ce jour, près de 270.000 personnes seraient privées d’AAH ou ne percevraient qu’une somme réduite.

Mariage annulé, périphérique bloqué

À Paris, après un point-presse Place de la République avec les responsables des 22 organisations, a précédé le rassemblement de quelques 300 autour d’un mariage symbolique, ponctué de témoignages et de prises de parole des représentants d'associations :   le Collectif Alerte, le Collectif Handicaps, la Fnath, France Assos Santé, la Ligue des droits de l’Homme, Sidaction, … « C’est une mobilisation de force pour le respect des droits fondamentaux et de la citoyenneté », a souligné Pascale Ribes, présidente d’APF France handicap. Une retransmission spéciale en directa été diffusée sur Roue Libre, webradio associative d'APF France handicap en Ile-de-France.

index4.jpgOpération "coup de poing" en Loire-Atlantique, à Nantes, où les militants ont bloqué le périphérique pendant une heure avant de se rendre devant les permanences de quatre députés de La République En Marche ! ayant voté contre la proposition de loi visant à déconjugaliser.

À Auch, dans le Gers, les adhérents d’APF France handicap, de Consommation logement et cadre de vie (CLCV), du Monde du silence, de Retina France et de l’Union départementale des associations familiales (Udaf) ont fait signer la pétition pour la déconjugalisation sur le marché devant deux mannequins déguisés en futur mariés qui ont interpellé nombre de passants.

Mariage fictif devant la préfecture de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme. « La mariée a été contrainte de refuser cette demande, car sinon elle se serait retrouvée comme au 19e siècle, en situation de dépendance totale financièrement, vis-à-vis de son époux », explique Sandrine Raynal, directrice territoriale Puy-de-Dôme et Allier.

À Montpellier dans l'Hérault, les "mariés" ont été suivis de près par leur cortège de manifestants d’APF France handicap, de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, de l’Unapei, accompagnés d’un orchestre de cuivre et de circassiens sur échasse. Les jours précédents, plus de 20 street-artistes engagés ont réalisé des collages affichés dans les quartiers Méditerranée et Saint Roch. Leur thème : l’amour, le handicap et l'AAH. Pour preuve, un QR code à scanner en bas de chaque collage renvoyait vers la pétition en ligne.

Le combat continue…

Cette journée de manifestation nationale a largement été relayée dans la presse (L'Humanité, Ouest-France, Sud Ouest.fr Bordeaux, Sudouest.fr Bordeaux, AFP, 20 minutes Nantes et sur les réseaux sociaux avec les mots d’ordre #DeconjugalisationAAH et #AAH16septembre.

À l'heure actuelle, les différentes organisations restent pleinement mobilisées. De son côté, le Sénat s'engage à poursuivre la bataille en réinscrivant cette proposition de loi au débat à l'automne. Deux rendez-vous importants suivent : Le 12 octobre au Sénat, où le texte passera en deuxième lecture en séance publique et quelques jours après, en commission mixte paritaire réunissant des représentants des deux assemblées. Le combat pour les droits continue.

 

[1] APF France handicap, AIDES, Asei, CFPSAA, CH(s)OSE, Collectif Alerte, Collectif Handicaps, Fédération Santé Mentale France, FFDys, Fisaf, Fnath, France Assos Santé, Ligue des Droits de l'Homme, Sidaction, Solidarité Sida, Unafam, Unanimes, Unapei, Uniopss, Vaincre La Mucoviscidose, Valentin Haüy, Voir Ensemble.

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