La finance solidaire au service de l’impact social et environnemental

À l’occasion de la Semaine de la finance solidaire du 8 au 15 novembre 2021 dans le cadre du mois de l’ESS, une table ronde a été organisée sur le sujet, animée par Jon Sallé, le responsable de l’Observatoire Fair (ex-Finansol). Le président de l’entreprise d’insertion La Varappe et le fondateur du fonds d’investissement solidaire Phitrust y ont présenté les caractéristiques de leur “partenariat” au service de l’innovation sociale.

En amont de la Semaine de la finance solidaire du 8 au 15 novembre, qui compte plus de 100 événements dans toute la France cette année, ESS France a organisé une table ronde sur la finance solidaire. Car celle-ci peut être un bon outil au service de l’économie sociale et solidaire et de son changement d’échelle.

La finance solidaire est née dans les années 80 de la volonté de la société civile d’utiliser une partie de l’épargne au profit de projets à impact social. Concrètement, il s’agit pour des particuliers et des entreprises de placer leur argent dans des produits financiers solidaires, comme des comptes d’épargne ou des fonds d’investissement solidaires. Le label Finansol, créé en 1997, permet de distinguer ces produits et surtout de garantir aux investisseurs que ceux-ci sont bien utilisés pour des projets d’utilité sociale et environnementale.

« Le modèle de la finance solidaire est à contre-courant de celui de la finance classique », souligne Jon Sallé, responsable de l’Observatoire Fair (ex-Finansol) qui anime la table ronde. Olivier de Guerre, fondateur du fonds d’investissement solidaire Phitrust abonde : « Les investisseurs particuliers dans les fonds solidaires ne recherchent pas une rentabilité maximale, seulement à pouvoir récupérer a minima leur capital de départ. Ce qu’ils veulent, c’est un impact social élevé ».

 

La finance solidaire en 2020 : 2,7 milliards d’euros d’investissements

Depuis sa création, la finance solidaire ne cesse de croître. Et en 2020, elle a permis de financer 2,7 milliards d’euros dans des organisations à fort impact. Par ailleurs, 3,9 millions d’euros de dons ont été versés à 125 associations. « La finance solidaire s’institutionnalise. L’enjeu est maintenant d’accompagner le changement d’échelle des structures de l’ESS, nécessaire pour faire face aux enjeux sociaux et environnementaux », commente Jon Sallé.

Le développement de La Varappe, fondée en 1992 à Aubagne dans les Bouches-du-Rhône, est un bel exemple de l’aide apportée par cette finance. Dès 2008, le groupe d’entreprises d’insertion s’est rapproché de Phitrust. « On accompagne les entreprises sociales sur le long terme pour qu’elles augmentent leur capacité à répondre aux objectifs sociaux et maximisent leur impact social, tout en assurant leur pérennité », détaille le fondateur de ce fonds d’investissement solidaire.

L’accompagnement des entreprises passe par leur financement mais aussi par du conseil. « Une entreprise ne peut pas se développer seule. Elle a besoin de personnes pour prendre les bonnes décisions, explique-t-il. En cela, les investisseurs privés de Phitrust, des dirigeants ou d’anciens dirigeants, accompagnent les entrepreneurs sociaux ».

Prouver sa performance sociale et environnementale

Pour attirer les financements, La Varappe insiste sur la transparence et les objectifs sociaux visés. « En contrepartie des moyens engagés, nous avons développé une batterie d’indicateurs pour évaluer notre performance sociale et environnementale. Pour être attractif auprès des investisseurs, il faut montrer qu’on est utile socialement et qu’on cherche toujours à innover », insiste son président.

Nouveau phénomène ces dernières années, de plus en plus d’entreprises sociales montent des projets à plusieurs ou avec des grandes entreprises classiques, pour accélérer leur développement. « Aujourd’hui, la plupart des projets sont des formats hybrides. C’est nécessaire face aux enjeux sociaux et environnementaux », analyse Olivier de Guerre. Et le président de La Varappe de conclure : « On doit passer de la marge à la norme ».

 

L’ESS doit peser dans les débats à venir

Jean Catex
Le Premier ministre est intervenu lors du lancement du Mois de l’ESS
(capture d’écran de la conférence, crédit : DR).

Pour le lancement du Mois de l’ESS, le 2 novembre, le Premier ministre Jean Castex a tenu à s’exprimer dans un message vidéo. « Une première », souligne Jérôme Saddier, président d’ESS France. Et « un signal important » qui montre « l’intérêt pour l’ESS » et son potentiel au regard d’« une économie d’avenir plus solidaire, responsable et souveraine ».

Face au poids de l’économie sociale et solidaire et son rôle prépondérant pour limiter les effets de la crise liée au Covid-19, « il revient au gouvernement de comprendre et d’accompagner l’ESS », a assené Jean Castex. Ce qu’il a fait avec le fonds d’UrgencESS dédié au secteur et ce qu’il a démarré avec le plan de relance, dont « le fil rouge prévoit le soutien à une transition verte, inclusive et territoriale, qui sont les caractéristiques de l’économie sociale et solidaire ».

D’ailleurs, le gouvernement souhaite porter cette ambition à l’échelle européenne dans le cadre de la présidence française du conseil de l’Union européenne à partir du 1er janvier 2022. Jérôme Saddier rappelle une autre échéance politique d’importance : les élections présidentielles. « Pendant la campagne, nous ferons en sorte que l’ESS soit présente, non pas comme une contre-société alternative et sympathique mais bien comme des acteurs et des structures ancrés dans notre République. Cette présence se manifestera à travers une action de plaidoyer, avec la République de l’ESS notamment et l’événement européen autour de l’ESS des 17 et 18 février 2022 à l’Eurométropole de Strasbourg », précise-t-il.

Les commentaires sont fermés.