Bronchiolite du nourrisson : quelle prise en charge ?

Redoutée de tous les jeunes parents quand arrive l’hiver, la bronchiolite touche chaque année près d’un nourrisson sur trois. Malgré des symptômes impressionnants, cette infection virale est le plus souvent bénigne.

Chaque hiver en France, la bronchiolite touche près d’un jeune enfant sur trois. Bénigne dans la très grande majorité des cas, cette pathologie respiratoire peut toutefois conduire à une hospitalisation. « Il faut surtout surveiller les très jeunes nourrissons de moins de deux mois, plus fragiles », alerte le Pr Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie et chef de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale au CHU de Nantes.

La bronchiolite est d’ailleurs la première cause d’hospitalisation des enfants de moins d’un an en France : 2 à 3 % d’entre eux sont hospitalisés chaque année pour ce motif.

Qu’est-ce que la bronchiolite ?
La bronchiolite est une maladie respiratoire très fréquente chez l’enfant de moins d’un an. À l’origine de cette pathologie ? Le virus respiratoire syncytial (VRS) qui provoque une inflammation des bronchioles (ramifications des bronches).

Chez les adultes et grands enfants, ce virus passe le plus souvent inaperçu, ou n’entraîne qu’un simple rhume. C’est d’ailleurs ce qui le rend particulièrement contagieux : beaucoup de personnes le transportent et le transmettent sans le savoir.

Lors de l’hiver 2020-2021, les passages aux urgences et hospitalisations pour bronchiolite ont reculé de 30 % par rapport à une année « classique », du fait des mesures barrières liées à l’épidémie de Covid. « Preuve que quand les adultes se protègent, la bronchiolite circule moins », insiste le Pr Gras-Le Guen.

Saisonnière, mais pas sans risque
La bronchiolite est une épidémie saisonnière, qui débute généralement à la mi-octobre, atteint un pic en décembre et se termine à la fin de l’hiver. « De mi-novembre à fin décembre, des milliers d’enfants sont hospitalisés en France pour une bronchiolite, dont plusieurs centaines en soins critiques. C’est une maladie bien prise en charge dans notre pays, même si les places d’hospitalisation viennent souvent à manquer en pleine épidémie. En France, les décès sont très rares », souligne le Pr Gras-Le Guen.

Comment protéger son bébé de la bronchiolite ?
Quels conseils peut-on donner aux parents pour éviter que leur enfant n’attrape la bronchiolite ? « Il faut rappeler les gestes classiques : se laver très régulièrement les mains, laver les tétines, jouets et « doudous », porter un masque quand on est enrhumé… Je conseille aux jeunes parents, dès la sortie de maternité et pendant les deux premiers mois de leur bébé, de limiter les visites aux adultes très proches, non malades, et dans la mesure du possible d’éviter les endroits où il y a beaucoup de monde : transports en commun, supermarché, restaurant, grandes fêtes de famille… », insiste la pédiatre.

À ce propos, le ministère de la Santé a publié en décembre 2021 une vidéo rappelant les bons réflexes à adopter pour protéger son enfant des virus de l’hiver, dont la bronchiolite.

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Comment reconnaître une bronchiolite ?
Les symptômes de la bronchiolite sont très typiques. Le nourrisson a d’abord le nez qui coule, parfois le nez un peu bouché. Il se met ensuite à tousser. « Dans certains cas, le jeune enfant développe une gêne respiratoire : sa respiration devient alors rapide et sifflante. Quand on le regarde respirer, on voit le thorax se creuser entre les côtes. À ce stade de la maladie, il peut avoir du mal à s’alimenter. Il a parfois de la fièvre, jusqu’à 39 °C, mais pas toujours. Les symptômes s’atténuent ensuite d’eux-mêmes. Ils disparaissent au bout de dix jours en moyenne », décrit le Pr Gras-Le Guen.

Une toux résiduelle peut parfois persister jusqu’à 4 semaines. « Passé ce délai, si votre enfant est encore gêné pour respirer, consultez à nouveau votre médecin », recommande la HAS (lire « 1er épisode de bronchiolite aiguë : conseils aux parents  » – novembre 2019).

À noter que ces symptômes sont le signe d’une bronchiolite quand il s’agit du premier épisode chez un enfant de moins de 12 mois. « Devant un deuxième épisode rapproché chez le nourrisson de moins de 12 mois, il sera nécessaire d’envisager d’autres diagnostics, de prendre en compte d’autres paramètres tels que l’âge, les antécédents (asthme, allergies), les symptômes associés », rapporte la HAS dans ses dernières recommandations de bonnes pratiques, datant de novembre 2019.

Quelles différences avec la bronchite et le Covid ?
Quant à savoir s’il s’agit d’une bronchiolite ou d’une bronchite, « il n’y a pas de gêne respiratoire en cas de bronchite mais juste une toux », répond le Pr Gras-Le Guen.

Parmi les maladies qui peuvent se présenter avec le même tableau clinique : le Covid. « Auquel cas, la prise en charge reste la même, à savoir qu’il n’existe pas de traitement pour soigner la maladie mais qu’on prend en charge les symptômes », poursuit la spécialiste. « À plusieurs reprises cet hiver, des enfants présentant les signes d’une bronchiolite avaient aussi le SARS-CoV2, sans qu’il soit possible d’évaluer la responsabilité de chaque virus dans les symptômes observés. Ces formes n’étaient pas plus graves que celles habituellement rencontrées avec le virus respiratoire syncytium (VRS) seul », précise-t-elle.

Une maladie le plus souvent bénigne
Il n’existe pas pour l’instant de traitement spécifique actif sur le virus responsable de la bronchiolite. La plupart du temps, la maladie guérit d’elle-même. Mais le temps de guérison (une dizaine de jours en moyenne) peut paraître très long pour les parents… D’autant plus que cette infection, pénible pour l’enfant, est liée à la respiration. « Mais rappelons-le : chez l’enfant de plus de deux mois, pas d’inquiétude dans la très grande majorité des cas ! », rassure le Pr Gras-Le Guen.

Certains signes sont toutefois à surveiller, surtout dans les 48 premières heures de symptômes respiratoires, période pendant laquelle l’état de santé du nourrisson est susceptible de s’aggraver. Ainsi, il est conseillé aux parents de consulter un médecin (pédiatre ou médecin traitant, maison médicale de garde, SOS médecin selon les cas) pour confirmer le diagnostic et évaluer la gravité de l’infection. Il faut également consulter si l’enfant :

  • semble fatigué, moins réactif ou au contraire très agité ;
  • a une respiration qui est devenue plus rapide, qu’il creuse son thorax ;
  • boit moins bien sur plusieurs repas consécutifs malgré les désobstructions du nez.

Lavage de nez et aération des pièces
En dehors des signes de gravité et/ou d’une fragilité initiale (enfant de moins de deux mois, prématurité, maladie chronique, enfant immunodéprimé, tabagisme passif…), la bronchiolite est une maladie dont le suivi se fait « en ville », et plus précisément par le médecin habituel de l’enfant.

Quant à la prise en charge, elle repose surtout sur les parents : pour aider l’enfant à mieux respirer, ils doivent procéder à des lavages de nez réguliers, à faire plusieurs fois par jour (lire les recommandations de la HAS pour un lavage de nez efficace). Ils doivent également veiller à bien aérer et maintenir la température de la pièce à 19 °C, et à ce que personne ne fume dans la même pièce.

Enfin, quand l’enfant éprouve des difficultés à s’alimenter (par exemple, vomissements liés à la toux), il est recommandé de fractionner les repas, c’est-à-dire proposer plus souvent mais en plus petites quantités.

Bronchiolite chez l’enfant de moins de deux mois : direction les urgences
« Quand l’enfant a moins de deux mois, qu’il a le nez qui coule, qu’il tousse et/ou a de la fièvre : direction les urgences pédiatriques. Avant l’âge de deux mois, le nourrisson est en effet plus fragile, il se fatigue plus vite et a moins de réserves pour faire face aux problèmes d’alimentation. À l’hôpital, il sera pris en charge pour passer le cap ‟aigu” de la maladie le plus confortablement possible », décrit la chef de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale au CHU de Nantes. Elle voit passer chaque année plusieurs centaines d’enfants hospitalisés pour une bronchiolite, en grande majorité des nourrissons.

« La prise en charge à l’hôpital est une prise en charge dite symptomatique. On ne combat pas le virus – il n’existe pas de traitement pour l’instant – mais on prend en charge les symptômes de la maladie. En cas de gêne respiratoire, on apporte de l’oxygène au nourrisson, voire une assistance respiratoire. S’il a du mal à s’alimenter, on peut être amené à lui apporter directement le lait dans l’estomac à l’aide d’une sonde. En cas de fièvre et/ou douleur, on lui donne du paracétamol. Et en cas de surinfection bactérienne (ce qui est assez rare), on donne un traitement antibiotique », décrit la pédiatre. La durée moyenne d’hospitalisation pour une bronchiolite est de quelques jours (entre 2 et 5 en général), « le temps de passer le plus dur de la maladie ».

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