La stigmatisation et les discriminations

Les personnes vivant avec un trouble psychique sont parfois moins bien considérées. Elles peuvent aussi être défavorisées, comparé à d'autres, au cours de leur vie. Des moyens existent pour l'éviter.

La stigmatisation, qu’est ce que c’est ?
Les personnes vivant avec un trouble psychique peuvent être mal vues par les autres. En effet, le fait d’avoir un trouble psychique peut être considéré par certains comme très négatif, dégradant, et entraîner la mise à l’écart de la personne. Ce phénomène s’appelle la stigmatisation.

La stigmatisation fait souffrir la personne qui la subit. Peut-être même plus que le trouble en lui-même, comme souligné dans une étude britannique : « Les personnes vivant avec des troubles disent souffrir davantage de cette stigmatisation que des symptômes mêmes de la maladie » (Qualitative analysis of mental health service users’ reported experiences of discrimination, 2016).

Par ailleurs, la personne mal considérée est souvent moins bien traitée que d’autres lorsqu’il s’agit d’accéder à un emploi, à des soins, à un logement ou à des services comme les loisirs. Ce traitement moins favorable est qualifié de discrimination.

Faire l’expérience de la stigmatisation ou connaître des discriminations rend la vie plus difficile et ajoute de la souffrance psychique. C’est pourquoi il est important de prendre conscience de ces mécanismes. On peut les subir aussi bien parce qu’on a un trouble psychique, qu’en lien avec sa couleur de peau, son genre, son handicap ou son âge.

Toute personne vivant avec un trouble psychique gagne à comprendre ce qu’est la stigmatisation pour savoir sur quoi agir et de quelle façon, dans le but de moins la subir. De même, tout individu, s’il est averti, peut voir la stigmatisation s’enclencher chez lui ou chez les autres et intervenir pour éviter qu’elle se produise.

Les discriminations, ce que dit la Loi
En France, comme dans d’autres pays, les discriminations sont punies par la loi. Depuis 2001, une situation est reconnue comme une discrimination si elle remplit certains critères. Il peut être difficile de savoir si une situation que vous rencontrez – ou dont vous avez connaissance – constitue une discrimination au sens de la loi. Voici la définition qu’en donne le Défenseur des droits, autorité administrative indépendante :

En droit, une discrimination est un traitement défavorable qui doit généralement remplir deux conditions cumulatives : être fondé sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap…) ET relever d’une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement…). À ce jour, la loi reconnait plus de 25 critères de discrimination. Ainsi, défavoriser une personne en raison de ses origines, son sexe, son âge, son état de santé, son handicap, ses opinions… est interdit par la loi et les conventions internationales auxquelles adhère la France.

La discrimination est également constituée lorsqu’elle prend la forme d’un harcèlement. Il s’agit de comportements ou de remarques répétés liés à un des critères fixés par la loi et qui portent atteinte à l’intégrité d’une personne.

Quand la société produit des discriminations
Parfois, c’est le comportement d’un individu vis-à-vis d’un autre qui entraîne une discrimination. Par exemple, une personne se présente aux urgences d’un hôpital pour de fortes douleurs au ventre. A l’accueil, l’infirmier reconnaît, au tremblement de ses bras et à la raideur de sa démarche, certains effets secondaires des médicaments neuroleptiques. Il lui demande si elle est suivie pour un trouble psychique. A la suite de sa réponse affirmative, il refuse de la prendre en charge pour ses douleurs, pourtant physiques, et l’oriente vers les urgences psychiatriques.  

D’autres fois, ce n’est pas la relation entre deux individus qui est en cause mais la manière dont la société est organisée. En effet, la société est régie par des institutions comme l’école, les hôpitaux, la justice ou la police. Ces structures génèrent parfois une inégalité de traitement entre les personnes. Les chercheurs parlent de discrimination « institutionnelle » faisant référence au fonctionnement des institutions et des organisations. Par exemple, un enfant avec des troubles du comportement se retrouve scolarisé à la maison, faute d’un accompagnement adapté à ses besoins dans le système scolaire ordinaire.

A l’échelle de la société toute entière, on retrouve une discrimination dite « structurelle ». Celle-ci est ancrée dans la culture qui s’est construite à travers l’Histoire de notre pays et qui se transmet, entre autres, par les médias. Par exemple, les personnes dépressives sont souvent confrontées au préjugé selon lequel elles manquent de volonté et qu’il leur suffirait de se secouer un peu pour aller mieux.

On parle aujourd’hui d’une discrimination « systémique », à l’échelle d’un pays ou d’une organisation. La notion de système permet d’englober à la fois les actions des individus et le fonctionnement des structures.

Les formes de discrimination liées aux institutions ou à la culture sont beaucoup moins visibles que les autres. Pourtant, à la manière d’un iceberg dont on ne voit que la partie émergée, elles forment la base qui permet aux discriminations les plus flagrantes de se produire.

Le colloque virtuel organisé en 2020 par le Centre hospitalier de Rouffach (Haut-Rhin) sur le thème Santé mentale et discriminations permet de comprendre comment les discriminations génèrent et majorent les problèmes de santé mentale. “Toute discrimination est une violence“, explique Aude Caria, directrice de Psycom, dans la vidéo de l’événement, programmé durant les Semaines d’information sur la santé mentale. 

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