Les frères et sœurs d’enfants handicapés sont plus empathiques que les autres.

Un effet de résilience dont les conséquences positives ont toutes les chances de ne pas se limiter à l'environnement familial.

Les handicaps ou les retards de développement des enfants sont trop souvent appréhendés sous un angle exclusivement négatif. Le fait est qu'il s'agit d'une expérience stressante et lourde de conséquences pour toute une famille. Le fait est aussi que les humains, et d'autant plus lorsqu'ils sont jeunes, sont des organismes extraordinairement adaptables et résilients, c'est-à-dire capables de tirer le meilleur des situations les plus difficiles.

Soit, dans les grandes lignes, ce que révèle une grande étude publiée le 23 février et soulignant quels effets positifs la présence d'un enfant handicapé peut avoir sur ses frères et sœurs. En l'espèce, ce travail mené conjointement par des chercheurs de Cambridge, de l'université hébraïque de Jérusalem et de l'université de Toronto, examine comment le fait de grandir dans une fratrie comportant un enfant handicapé a de quoi favoriser l'empathie. Et il ne s'agit rien de moins que l'une des premières études à aborder le handicap sous l'angle de ses bénéfices sur l'entourage.

Les données proviennent d'une étude de jumeaux israélienne, comprenant 1.657 familles de jumeaux nés en 2004-2005 et dont les caractéristiques démographiques sont similaires à celles de la population juive majoritaire en Israël. Au total, 63 familles où l'un des jumeaux présente un handicap et l'autre un développement typique y ont été identifiées.

Un avantage spécifique
Les jumeaux d'enfants handicapés ont ainsi été comparés à 404 fratries ordinaires sur le plan de l'empathie cognitive –l'aptitude à se mettre dans la peau d'un tiers–, l'empathie émotionnelle –ce que l'on peut également désigner comme de la compassion, l'aptitude à ressentir ses bonheurs et ses chagrins– et de la prosocialité –soit l'ensemble des comportements sociaux altruistes (on cherche le bénéfice d'autrui) et/ou distributifs (on cherche à partager les coûts et les bénéfices avec tout le monde). Des mesures effectuées lorsque tous les enfants avaient 11 ans. D'une part, les enfants devaient répondre à des questionnaires et effectuer des exercices sur ordinateur évaluant leur prosocialité. De l'autre, des questionnaires étaient également demandés aux parents pour jauger des comportements de leurs enfants.

L'étude allait ainsi constater que les enfants au développement normal ayant un jumeau handicapé manifestaient un score significativement plus élevé d'empathie cognitive autodéclarée que les enfants du groupe de contrôle. Comme l'explique Ariel Knafo-Noam, généticien du comportement et directeur de l'équipe de recherche, «ces effets positifs pourraient être dus à l'avantage spécifique de l'empathie cognitive, qui permet de mieux comprendre son frère ou sa sœur en difficulté, et dès lors de tisser une relation fraternelle plus solide». Cet avantage a d'ailleurs toutes les chances de ne pas se limiter à l'environnement familial, tant on sait qu'un score élevé d'empathie cognitive est par ailleurs associé à une vie sociale fructueuse.

 

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